mardi 14 décembre 2010

Cuba

Calle 23 (la Rampa) Vedado La Havana

Ce voyage à Cuba je ne l'ai pas rêvé.
Ce pays ne fascine plus et ne représente plus comme autrefois la lutte révolutionnaire, ni la résistance d'une jeunesse idéaliste face à « l'ogre yankee ». L'image de Fidel et des barbus s'est écaillée. Le dollar contrôle une économie balbutiante qui ne semble devoir sa survie qu'au tourisme. La corruption dicte les échanges et l'enrichissement profite à très peu de monde. Qui plus est, depuis quelques années, la destination est à la mode. Les voyages à prix bradés vers l'île se bousculent en période hivernale. Les bacs des disquaires sont inondés de musique cubaine depuis la sortie de Buena Vista Social Club.

Calle Santa Rita at night Santiago de Cuba

Dans les villes occidentales on apprend à danser la salsa en sirotant des daïquiris ou des mojitos. On vit à l'heure latino et Cuba en est le plus parfait symbole. Je suis arrivé à la Havane avec quelques a priori que j'ai bien rapidement oubliés. En voyageant d'est en ouest et en ne logeant que chez l'habitant j'ai cherché à passer de l'autre côté du « mur », pour vivre au plus près des Cubains.

Making of a Puro cigar Viñales

Ici, le futur s'est invité dans le passé. Le temps est ralenti, presque arrêté. Les époques et les styles se sont superposés. Les villas coloniales au fronton classique sont coincées entre des buildings américains du siècle dernier et des blocs staliniens, des paysans en guenilles se faufilent sur leurs charrettes entre les vieilles Cadillac, les Lada soviétiques et les Daewoo flambant neuves.

musicians at the Hanoï Café La Havana

C’est toute la société qui fonctionne à deux vitesses. Le salaire moyen d'un ouvrier ne vaut pas plus qu'une entrée en discothèque et un médecin spécialiste gagnera moins bien sa vie que le barman d'un hôtel de tourisme payé directement en dollar. Le gouvernement veille d’ailleurs à ce qu'aucun cubain vive illicitement du tourisme, et la police contrôle systématiquement ceux qui s'affichent en compagnie d'étrangers. S’ils sont nombreux à avoir quelque chose à vous vendre (des cigares, de la langouste, une chambre à louer ou même une fille) rares sont ceux qui se livrent (aux confidences). Ce pays est une anomalie, une exception : un musée vivant du socialisme dans un paradis pour capitalistes. Mais combien de temps cela durera-t-il ?

Petit extrait du texte d'ouverture d'un carnet de croquis inédit fait à Cuba
The introduction text and few pages of an unpublished travel sketchbook in Cuba
03-24 IV 2000